Romulus Augustule

475 – 476
Romulus Augustule
(Flavius Romulus Augustus dit Augustulus)

Bien qu’il fût désigné par l’empereur de Byzance pour régner sur l’Occident, Julius Nepos ne put se maintenir plus d’un an sur le trône romain. En 475, une révolte des troupes barbares confédérées qui assuraient la défense de l’Italie (qui, en fait, occupaient la Péninsule) le força à abandonner précipitamment sa capitale de Ravenne et à traverser l’Adriatique pour se réfugier dans sa principauté de Dalmatie (Croatie actuelle).

Oreste, l’ancien secrétaire du roi des Huns Attila et qui commandait les troupes confédérées victorieuses, refusa, on ne sait trop pourquoi, de ceindre la couronne impériale. Il laissa ce périlleux honneur à son fils Romulus, qui reçut donc à ce moment, le titre d’Auguste (Augustus). Mais comme ce titre solennel paraissait peu approprié à un si jeune garçon qui, de plus, n’était qu’une marionnette aux mains de son père, le nouvel empereur fut bien vite affublé du sobriquet d’Augustulus (= « Petit Auguste »).

Papa Oreste régnait sous le nom de son fiston. Cet Oreste cependant, en s’alliant aux Barbares confédérés pour bouter Julius Nepos hors d’Italie, s’était fait de fort dangereux amis. Bien vite ceux-ci réclamèrent leur récompense. Et ils n’y allèrent pas de main morte : le cadeau qu’ils exigeaient, c’était un tiers des terres d’Italie, habitants inclus ! Ni plus, ni moins !

Courageusement (il faut le signaler), Oreste ne voulut réduire ses sujets à la pauvreté et à l’esclavage. Il refusa de céder aux Confédérés. Ceux-ci levèrent aussitôt l’étendard de la révolte et assiégèrent Oreste dans Pavie où il n’avait eu que le temps de se réfugier. Après un court siège, la ville fut prise et Oreste exécuté.

Le chef des Confédérés, le nouveau maître de l’Italie était Odoacre, le roi des Hérules. C’était un barbare de haute taille et à l’ambition démesurée.

Face à un adversaire de cet acabit, et, qui, de plus, se trouvait être le meurtrier de son père, le pauvre petit Romulus ne faisait vraiment pas le poids. D’ailleurs lui-même ne nourrissait-il sans doute aucune illusion sur son sort.

Pourtant, Odoacre négligea d’éliminer physiquement le fils d’Oreste. La légende veut que, sur le point d’assassiner Romulus, le chef barbare, frappé de la beauté de l’adolescent, ait épargné sa vie. Mais sans doute est-ce faire beaucoup d’honneur à Odoacre que de supposer qu’il pût être sensible à l’esthétique d’un éphèbe ! Quoi qu’il en soit, en échange de l’abdication de Romulus Augustule, le roi des Hérules lui assigna comme résidence la villa de Lucullus, située en Campanie, et lui alloua une rente de six mille pièces d’or (476).

L’origine barbare d’Odoacre lui interdisait de prétendre à la succession de Romulus. Aussi, après l’abdication du jeune empereur, le chef barbare ordonna-t-il au Sénat romain d’expédier une belle lettre à Zénon, empereur d’Orient, pour expliquer à ce dernier l’inutilité de prolonger plus longtemps la fiction de la succession impériale en Occident.

L’empereur Zénon feignit un moment d’hésiter à accepter la liquidation de l’Empire d’Occident, sous le prétexte que Julius Nepos, l’empereur désigné par son prédécesseur Léon Ier, était toujours bien vivant en Dalmatie et n’avait nullement renoncé à son ambition de régner à Rome. Mais finalement, flatté de rester l’unique « Auguste », Zénon accepta le fait accompli et reconnut à Odoacre le titre de roi d’Italie (479).

Quant à Romulus Augustule, il disparaît totalement de la scène de l’Histoire après 476. L’on ne sait rien des circonstances ni même la date de son décès.