Antonin le Pieux

Maxence

306 – 312
Maxence
(Marcus Aurelius Valerius Maxentius)

Maxence était le fils de Maximien Hercule, le co-empereur choisi par Dioclétien presque depuis le début de son règne.

À la mort de Constance Chlore (306), son « César » Sévère, lui succéda automatiquement, en vertu de l’ordre successoral de la « Tétrarchie de Dioclétien ». Maxence, fils de l' »Auguste » Maximien, contesta cette nomination qui faisait fi de ses droits héréditaires et se fit proclamer empereur à Rome par les prétoriens. Pour mieux asseoir son autorité, il s’associa à son père, qui avait, bien malgré lui, renoncé à ses fonctions impériales une année plus tôt.

Les deux co-empereurs, père et fils, repoussèrent l’armée de Sévère (307).

Maxence établit son autorité sur l’Italie, sur l’Afrique et l’Espagne, ensuite, il écarta son père du pouvoir.

Tandis qu’en Orient, Galère poursuivait l’application des Édits de persécution, Maxence, à Rome, soutint et protégea les Chrétiens. Les fidèles et le clergé purent à nouveau se réunir et, après trois ans et sept mois, donner un successeur au pape Marcellin. C’est le prêtre Marcel qui fut élu. (308)

Les renégats (les « lapsi ») étaient nombreux et auraient voulu réintégrer la communion des fidèles sans conditions. Le pape Marcel, entouré de conseillers ralliés à l’hérésie donatiste, ne l’entendit pas de cette oreille et voulut leur imposer une pénitence draconienne.
Les lapsi se révoltèrent. Des émeutes sanglantes ravagèrent Rome. Les Chrétiens s’étripèrent joyeusement, des « mous » costauds égorgeant des « durs » à peine remis des tortures subies à l’occasion de la persécution de Dioclétien.
Pour rétablir l’ordre, (ou pour porter la pagaille à son comble) les milices épiscopales sortirent alors des catacombes pour défendre ces héros de la Foi.
Et dans les deux camps, des prêtres excitaient leurs fidèles respectifs, les uns les poussaient à châtier ces traîtres, ces renégats, et les autres incitaient leurs ouailles à donner le coup de grâce aux Chrétiens hérétiques et inflexibles.

Bref ce fut le plus épouvantable des bordels !

L’empereur Maxence, alors en guerre contre son collègue et rival Galère, était d’opinion indifférente quant aux disputes des Chrétiens, mais tenait à ce que l’ordre régnât dans les territoires qu’il contrôlait. Il prit donc la seule mesure qui s’imposait pour ramener le calme à Rome : il s’empara du pape Marcel et le condamna à nettoyer les écuries impériales. Sans doute voulait-il lui faire comprendre qu’un responsable doit veiller à ce que tout soit en ordre, propre et net ! Ensuite, ces travaux ménagers terminés, il bannit le pontife loin de Rome. Le pape Marcel mourut en exil peu de temps après.

Pour le remplacer et afin de rétablir l’ordre auquel Maxence, toujours en guerre contre ses concurrents, tenait tant, les fidèles et le clergé chrétiens choisirent comme pape Eusèbe, un Grec plus modéré envers les lapsi que l’impitoyable Marcel (avril 309). Cet Eusèbe pensait que « ces malheureux avaient le droit de pleurer leurs crimes » (sic).

Mais le clan des coriaces n’avait pas désarmé. Ils opposèrent à Eusèbe un antipape, nommé Héraclius « qui contesta à ceux qui étaient tombés le droit de se repentir » (re-sic). Et aussitôt des émeutes entre bons chrétiens éclatèrent à, nouveau, ensanglantant la Ville… à la grande exaspération de Maxence.

Celui-ci ne lésina pas : il exila et Eusèbe et Héraclius en Sicile, renvoyant les protagonistes dos-à-dos.

Eusèbe mourut en exil après peu de temps. (Août 309). L’Histoire ignore tout du sort de l’implacable Héraclius.

Pendant plus de deux ans, Maxence, qui en avait ras-le-bol des Chrétiens ne permit pas l’élection d’un évêque à Rome.

Mais en 312, Maxence dut changer de cap : Constantin, qui gouvernait la Gaule et la Grande-Bretagne et qui favorisait les Chrétiens, l’attaqua, lui qui régnait sur l’Italie et l’Afrique.

À l’instar de son rival, Maxence devait impérativement mettre les Chrétiens de son côté : il permit donc qu’un prêtre africain (du Nord), un certain Miltiade (ou Melchiade) fût élu pape. Il rendit aussi à l’Église les biens qui avaient été spoliés lors de la persécution de Dioclétien.

Toutes les mesures pro-chrétiennes de Maxence ne suffirent pas : les armées de Constantin fondirent sur Rome et écrasèrent celles de son concurrent d’abord à Turin, puis au Pont Milvius, dans les faubourgs de Rome. Maxence trouva la mort, noyé dans le Tibre, où il tentait de s’enfuir avec ses troupes débandées. (28 octobre 312)