Galère

305 – 311
Galère
(Caius Galerius Valerius Maximianus)

emp50bComment espérer une existence heureuse quand on est affublé d’un patronyme pareil ! Comme on pouvait s’y attendre, Galère connut donc une existence mouvementée et une mort épouvantable ; encore que, pour celle-ci, certains historiens ont sans doute eu tendance à forcer légèrement la note…

Mais n’anticipons pas.

Galère, puisqu’il nous faut bien appeler ce Caius Galerius par son nom francisé, naquit aux alentours des années 250, probablement dans un village nommé Florentiana, en Mésie Supérieure (auj. en Bulgarie).
Son père était un simple paysan. Quant à sa mère, elle se nommait Romula. Quoique païenne bon teint, c’était, paraît-il, une femme très pieuse qui provenait d’une région située au-delà du Danube. Cela ne veut naturellement pas dire que la maman de Galère fût d’origine barbare : avant qu’Aurélien (270-275) ne se résolve à l’évacuation de la rive gauche du fleuve, la Dacie d’outre-Danube, la Dacie « Trajane », faisait encore partie intégrante de l’Empire. C’était même une région très « romanisée !

Avant d’entrer dans l’armée et d’y faire une brillante carrière, Galère tâta, dit-on, du bucolique métier de berger. Dieu sait pourquoi, les historiens chrétiens semblent considérer que ce job – d’ailleurs assez conjectural – du jeune Galère serait comme une tache sur son « C. V. ». Il n’y a pourtant aucune honte à être un bon pasteur ! Quoi qu’il en soit, il est cependant permis de douter que cet homme, souvent décrit comme violent et brutal, ait exercé bien longtemps, et surtout avec la douceur « virgilienne » d’un berger d’Arcadie, cette activité pastorale. Il se lassa sans doute très rapidement de ses douces brebis et ses petits agnelets frisés et s’engagea dans l’armée.

Bien qu’on n’en connût rien, la carrière de l’ancien berger fut sans doute brillante et son ascension rapide. Il servit sous les empereurs Aurélien et Probus avant d’être distingué par Dioclétien qui, en 293, le promut au rang de César (= empereur adjoint).

Dans les premières années de son règne (inauguré en 283), Dioclétien s’était progressivement rendu compte qu’il était désormais impossible à un seul homme de gouverner le gigantesque empire romain. Très vite, il avait pris donc pris comme collègue, comme co-empereur, Maximien, un de ses plus fidèles compagnons d’armes. Mais cette aide s’était encore avérée insuffisante : en Orient, l’ennemi héréditaire perse s’agitait comme jamais tandis qu’en Occident, l’ami Maximien ne parvenait même pas à venir à bout de l’usurpateur Carausius, un général belge qui contrôlait déjà la Grande-Bretagne ainsi qu’une bonne partie des provinces septentrionales de la Gaule.

À ces difficultés militaires s’ajoutait encore un problème politique récurrent : l’instabilité de l’institution impériale romaine.
Chaque fois qu’un empereur romain mourait (le plus souvent de mort violente), c’était la même chanson : plusieurs prétendants postulaient le poste vacant, et c’était le plus fort, celui qui disposait de l’armée la plus puissante, qui, au terme de guerres civiles ruineuses et sanglantes, s’imposait après avoir éliminé tous ses rivaux. Avec ces empereurs qui tombaient comme des mouches et ces militaires qui se battaient entre eux, il n’y avait vraiment rien d’étonnant à ce que les Perses rigolassent dans leurs barbes frisottées, que les Barbares de tout poil entrassent dans l’Empire comme dans un moulin et que les usurpateurs du genre de Carausius foisonnassent !

diocletianus

Le système tétrarchique (= quatre souverains régnant de conserve) constituait la réponse de Dioclétien à ces problèmes militaires et institutionnels. Les quatre empereurs (les deux Augustes – Dioclétien et Maximien – et les deux Césars qui leurs étaient subordonnés – Galère et Constance Chlore) se voyaient attribuer le gouvernement d’une région de l’Empire. Si un danger, quel qu’il fût, survenait, chacun d’entre d’eux, étant « sur place », pouvait intervenir en personne, rapidement et efficacement.

Maximien et son César Constance furent commis à la garde de l’Occident, Dioclétien se réserva l’Orient, région la plus riche, mais aussi la plus exposée ; et enfin, notre Galère fut chargé de maintenir les provinces danubiennes à l’abri des invasions.

Cela, c’était pour les questions de « sécurité nationale ». Restait le problème successoral. Là aussi, Dioclétien concocta une solution originale. Dans son optique, l’accession au trône impérial ne devait être considérée que comme l’aboutissement ultime d’une brillante carrière militaire. Dès lors, quand un Auguste (= empereur principal) aurait atteint l’âge de la retraite, il serait automatiquement remplacé par son César (= empereur adjoint). Ensuite, une fois promu, le nouvel Auguste se choisissait un César qui, le moment venu, le remplacerait, et ainsi de suite… Avec la Tétrarchie de Dioclétien, c’en serait bien fini de ces successions chaotiques, dynastiques ou putschistes ! Ter-mi-née, l’anarchie ! Désormais tout serait réglé comme sur du papier à musique : c’est automatiquement que l’on deviendrait empereur, après avoir gravi « au mérite » tous les échelons de la vie militaire !

Et ce n’est pas tout ! Dioclétien souhaita aussi que les quatre empereurs, les tétrarques, fussent unis comme les doigts de la main. Pour cela, rien de tel que de solides liens matrimoniaux ! Constance Chlore fut donc contraint de répudier sa concubine, la belle Hélène (mère de Constantin) pour convoler avec Théodora, fille de son Auguste Maximien, tandis que notre Galère épousait Valéria, la propre fille de Dioclétien.

Bien marié et bien établi, notre ancien paysan du Danube s’employa avec une belle énergie à défendre toutes les provinces dont il avait la charge. Et ce n’était pas une sinécure car il s’agissait d’un très vaste ensemble territorial, comprenant toute la péninsule balkanique avec, en prime, une bonne partie de la Turquie actuelle (Diocèses de Pannonie, Mésie, Thrace et Asie – Voir Cartes).

Naturellement, sa tâche la plus importante fut de surveiller la frontière du Danube, fort exposée aux assauts de Barbares venus des steppes de l’Asie, ou à ces autres peuplades germaniques que les terrifiantes hordes asiatiques repoussaient devant eux. En 294 et 295 il refoula les incursions des Goths, puis, en 296 et 297 celles des Sarmates et des Marcomans.

Galère pacifia si bien son domaine qu’en 296 Dioclétien estima possible de le retirer du front danubien pour le faire venir auprès de lui, en Orient. Il faut dire que Dioclétien en avait un peu plein les pieds.

valeria

Après l’expédition victorieuse de l’empereur Carus qui avait emmené ses légions au-delà de Ctésiphon, la capitale ennemie, Dioclétien avait été en mesure d’imposer aux Perses un traité de paix avantageux : outre d’intéressantes rectifications de frontières, Tiridate, un prince parthe qui avait été éduqué à Rome, fut placé sur le trône d’Arménie (287). Mais les Perses relevèrent bien vite la tête : dès 294, Narsès, leur nouveau roi, chassa Tiridate de son trône, annexa l’Arménie puis envahit la Syrie romaine. Pour couronner le tout, en Égypte, deux énergumènes (Lucius Domitius Domitianus puis son successeur Aurelius Achilleus) profitèrent des ennuis persans de Dioclétien pour tenter de lui ravir son trône. C’est dire que, dans ce contexte troublé, le coup de main de Galère serait le bienvenu !

Fort de ses succès contre les Barbares du Danube, le César Galère commit la grave erreur de sous-estimer ses nouveaux adversaires. Il traversa l’Euphrate pour frapper directement le cœur du royaume perse… et se fit étriller, battre à plates coutures, aux environs de la ville de Carrhes, là même où, quatre siècles plus tôt, le « triumvir » Crassus avait, lui aussi, subi une écrasante défaite et trouvé la mort. Mais Galère n’eut pas tant de malchance que son cupide prédécesseur : il parvint à sauver sa vie et, la queue entre les jambes, ramena les débris de sa belle armée en territoire romain.

Il serait sans doute abusif d’imaginer que Dioclétien, être tout de compassion, sécha les larmes de son malheureux César, qu’il le prit sur ses genoux lui disant, pour le consoler : « Ce n’est rien mon petit Galère, ça ira mieux la prochaine fois ! » Mais il n’y a aucune raison non plus de croire sur parole les historiens chrétiens qui affirment que, suite à cette défaite, Dioclétien infligea une humiliation publique à son gendre en le contraignant de marcher devant son char, dépouillé de tous ses ornements impériaux. En fait, si Dioclétien n’avait pas admis les explications de Galère, s’il n’avait pas compris les raisons de l’échec de son César, il l’aurait, d’un seul mot, déchu de tous ses titres, exclu de la succession impériale, et rendu à la tourbe d’où il était issu. Or, ce ne fut pas le cas : jamais il ne fut question de limoger Galère. Que du contraire ! Dès 297, le vaincu de Carrhes, avide de revanche, réapparaissait en territoire perse à la tête d’une puissante armée.

Cette fois, Galère y mit plus de finesse. Au lieu d’une attaque frontale sur l’Euphrate, il passa par l’Arménie. C’était le point faible du système de défense ennemi : le sentiment national des Arméniens était d’autant plus vif que les Perses venaient d’annexer leur pays. En outre, majoritairement chrétiens (leur roi Tiridate III fut – ou sera – baptisé en 288, en 305 ou en 314 – la chronologie est floue), ils supportaient très mal l’intolérance croissante de clergé zoroastrien perse.

Bien soutenue par les habitants du pays, la puissante armée de Galère occupa l’Arménie, restaura le roi Tiridate puis écrasa les forces perses. Le campement de Narsès fut pris et ses épouses capturées. On veut croire que le brutal Galère respecta l’honneur de ces hautes dames, mais je n’en mettrai pas la main au feu : n’est pas Alexandre le Grand qui veut !

Le gros de l’armée perse anéanti en Arménie, la route vers le cœur du royaume perse était ouverte. Sans rencontrer d’opposition, Galère fondit vers le Sud, envahit la Mésopotamie et s’empara de Ctésiphon, la capitale ennemie.

Après ces éclatantes victoires, la messe était dite ! En 298, le Roi des Rois Narsès n’eut plus qu’à signer un traité de paix aux allures de capitulation (Paix de Nisibe). Le souverain perse reconnaissait définitivement que, sous le sceptre chrétien de Tiridate, l’Arménie resterait à jamais un protectorat romain. En outre, par ce traité, le roi sassanide restituait à Rome ses provinces mésopotamiennes, et lui livrait, en prime, cinq autres provinces dans la haute vallée du Tigre. Jamais l’Empire romain n’avait été aussi vaste qu’en cette fin du IIIe siècle… et jamais général romain ne fut plus populaire que le César Galère à cette époque.

Après sa glorieuse victoire campagne de Perse, Galère revint dans son « gouvernorat » du Danube. Entre 299 et 305, il combattit victorieusement les Sarmates et les Carpes qui s’agitaient sur les rives du fleuve… la routine d’un César de la Tétrarchie, quoi !

En 303 et 304, Dioclétien publia consécutivement quatre édits contre les Chrétiens, chaque nouvelle loi aggravant la précédente. L’empereur ordonna d’abord la destruction des églises et des Écritures sacrées ; puis les prêtres et les évêques furent emprisonnés ; ensuite ces prisonniers furent contraints, sous peine de mort, à sacrifier aux dieux ; et enfin, en 304, Dioclétien étendit l’obligation du sacrifice à tous les habitants de l’Empire. (Voir aussi : Persécution de Dioclétien).

Eusèbe de Césarée et Lactance, les seuls historiens contemporains (évidemment chrétiens) qui évoquent les édits de Dioclétien contre les Chrétiens, rapportent que ce fut à l’instigation de Galère, son âme damnée, que ce grand empereur, jusque-là plutôt tolérant à l’égard du christianisme, devint le pire persécuteur que l’Église chrétienne eût jamais connu. C’était un barbare illettré que ce Galère, écrivent-ils en substance. Il revint de sa campagne persique tout auréolé d’une gloire fallacieuse, et, dès ce moment, si forte fut son influence sur un Dioclétien affaibli par l’âge et les séquelles d’une maladie presque mortelle que le grand empereur béait littéralement d’admiration devant son glorieux César. Ce fut donc Galère, et nul autre, qui aurait contraint ce bon empereur, dont l’épouse et la fille avaient adhéré à la Vraie Foi, à édicter ces mesures iniques et sanglantes contre les Chrétiens.

Et quel motif avait Galère d’agir ainsi ?

« C’est tout simple ! répond Lactance. Galère haïssait les Chrétiens parce que sa mère Romula, une mégère dégoûtante, une barbare originaire des contrées sauvages d’au-delà du Danube, était une idolâtre fanatique, une prêtresse des dieux des montagnes. C’est elle, cette païenne détestablement fanatisée, qui avait inculqué à son fils sa haine des Chrétiens et qui le poussait à les persécuter ! ».

L’antichristianisme de Mme Romula serait donc la cause unique esuffisante à la fois des sentiments antichrétiens de son fils et de la sanglante persécution de Dioclétien… Évidemment, vu comme ça, c’est d’une simplicité toute biblique ! Cependant je dois bien avouer que j’ai d’énormes difficultés à trouver de la vraisemblance dans cette histoire. Dioclétien avait consacré sa vie à assurer la stabilité de l’Empire. Or, vu leur ampleur, il ne pouvait ignorer que ses lois persécutrices allaient immanquablement provoquer de gigantesques désordres. Ce n’est donc certainement pas pour satisfaire les lubies d’une vieille prêtresse inculte qu’il les édicta !

pers diocletianus

Rien que pour rire un fifrelin, imaginez la scène :

Galère : Écoutes un peu, ô divin Auguste, il faut absolument se débarrasser de tous ces Chrétiens qui infestent ton divin Empire !
Dioclétien : Tu plaisantes, j’espère ? Ça peut être très dangereux, ton idée à la con ! Dans les provinces orientales, ces Chrétiens représentent quand même un bon cinquième de la population, et ils ne se laisseront pas faire comme ça ! Et puis mes prédécesseurs Dèce et Valérien ont déjà essayé de les éliminer, et ils s’y sont cassé les dents ; Valérien y a même laissé sa peau !… L’expérience démontre qu’ils sont plus indéracinables que le chiendent, ces impies ! Tu en fais boulotter un par les lions pour amuser le peuple, et la moitié des spectateurs ressortent des arènes en réclamant leur fichu baptême. Et puis d’ailleurs, sont-ils vraiment si nuisibles que cela ? Caius, un mien parent fut pape à Rome et ne m’a jamais causé d’ennuis ; mon épouse, l’impératrice Prisca est chrétienne elle aussi, et bien brave personne au demeurant… ainsi d’ailleurs, si je ne me m’abuse, que ta propre femme, ma fille Valéria… et tu n’as rien à y redire non plus, que je sache ?
Galère : il n’empêche qu’il faut rayer les Chrétiens, cette engeance pernicieuse, de la surface de la terre !
Dioclétien : Mais pourquoi tant d’acharnement ?
Galère : Parce que ces Chrétiens de malheur, ma vieille maman Romula ne peut absolument pas les voir en peinture !
Dioclétien : Que ne le disais-tu plus tôt !… Que l’on prépare mon écritoire que j’ordonne illico la confiscation de leurs biens, leur emprisonnement, et finalement leur mort sous la dent de lions affamés ! Qui suis-je pour m’opposer aux désirs de Romula !

Cela prit du temps, mais aujourd’hui bien des historiens, même catholiques, rejettent le récit de Lactance, et ne croient plus que Galère fut l’instigateur de la « Grande persécution ». Même son prétendu « fanatisme antichrétien » est remis en cause : n’est-ce pas ce même Galère, prétendument horrible persécuteur, qui, dès 311, publia le premier édit de tolérance en faveur des Chrétiens. Nous y reviendrons…

Si les historiographes chrétiens du IVe siècle se sont tant acharnés sur Galère, c’est probablement parce que, successeur et finalement seul vrai dépositaire de la pensée de Dioclétien, il fut, par la force des choses, conduit à appliquer les édits persécuteurs plus longuement que les autres « Tétrarques ». Et comme Galère, s’il n’était sans doute pas plus fanatique que le chef de la Tétrarchie, était certainement dépourvu du prestige de son supérieur hiérarchique, le restaurateur de l’Empire romain… En outre, si Constantin, protecteur attitré des Chrétiens (et, en particulier, des écrivains ecclésiastiques Eusèbe de Césarée et Lactance), combattit les successeurs de Galère, il revendiqua hautement et assuma l’héritage politique de Dioclétien. Mieux valait donc, autant que possible, épargner le maître à penser du premier empereur et « faire porter le chapeau » de la persécution à son inculte second !

Galère eut peut-être simplement la main un peu plus « lourde » que son Auguste Dioclétien, mais cela n’est pas réellement prouvé non plus… Apparemment, les communautés chrétiennes situées dans les territoires placés sous sa juridiction ne semblent pas avoir été particulièrement maltraitées (ni épargnées non plus, d’ailleurs). Il est également vrai que le christianisme n’avait pas encore pénétré profondément dans les territoires administrés par le César Galère, ces provinces danubiennes où le patriotisme romain était élevé au rang de seule véritable religion.

Le 1er mai 305, Dioclétien et Maximien abdiquèrent conjointement ; l’un à Milan, l’autre à Nicomédie. Se ressentant encore de la grave maladie qui avait failli l’emporter l’année précédente, Dioclétien, le premier Auguste (= empereur principal), n’aspirait qu’à une retraite bien méritée. Ce fut donc sans aucun regret, et certainement sans douter des compétences de son successeur, qu’il remit son sceptre à notre Galère qui l’avait si bien secondé pendant dix ans. Selon le principe de la Tétrarchie, il fallait que Galère, nouvel Auguste s’adjoignît un nouveau César. Ce fut Maximin Daïa, un de ses neveux, qui fut choisi (sans doute à la suggestion de Dioclétien).

Mais si c’était d’un cœur léger que Dioclétien avait renoncé à la pourpre, ce n’était pas du tout le cas de son collègue Maximien Hercule. Lui, c’était avec la plus extrême répugnance qu’il avait consenti à s’effacer ! Cependant, bien que faisant grise mine, il obéit à Dioclétien, son chef vénéré, et remit tous ses pouvoirs à son subordonné Constance Chlore. Mais qui allait devenir le César de ce Constance ? Tout le monde pensait que ce serait Constantin, son fils aîné. Mais Dioclétien, lui, ne l’entendait pas de cette oreille : le vieux souverain nourrissait une grande méfiance à l’égard des successions de type dynastique. Constance ne put donc prendre son fils comme César, et ce fut Sévère qui lui fut imposé comme « second ». Quant à Constantin, Galère le retint comme otage. On n’était jamais trop prudent : chez Constance, la voix du sang pouvait être plus puissante que le respect des principes successoraux de la Tétrarchie !

Pourtant, théoriquement, le premier des Augustes,, l’Augustus senior, le « Big Boss » de l’Empire romain, celui à qui ses trois autres collègues « tétrarques » devaient le respect, ce n’était pas Galère, mais son collègue Constance Chlore. Mais que voulez-vous ? Ce Constance n’était vraiment pas en position de faire valoir ses droits ! Non seulement Galère et son neveu Maximin Daïa contrôlaient la plus grande partie de l’Empire, les provinces les plus riches et les plus peuplées, mais, de plus, ils détenaient – pas tout à fait prisonnier, presque otage – Constantin, le propre fils de leur collègue (et rival potentiel). C’est dire que la marge de manœuvre de Constance était aussi ténue que symboliques les égards qu’il était en droit d’attendre de son « cadet » Galère.

Cela dit, les historiographes chrétiens (Eusèbe de Césarée et Lactance en tête) ne se font pas faute de blâmer Galère d’avoir retenu Constantin loin de son père. C’était cependant la seule façon de sauver ce système tétrarchique qui assurait la stabilité de l’Empire.

On allait d’ailleurs bien le voir en 306 quand, une fois de plus, les Pictes (habitants de l’Écosse actuelle) franchirent le mur d’Antonin pour s’en venir piller le Nord de la (Grande-)Bretagne. Constance Chlore prit prétexte de ce raid, présenté comme une invasion extrêmement dangereuse, pour réclamer à cor et cri l’indispensable présence de son fils à ses côtés. Évidemment, sous peine de reconnaître ouvertement que Constantin était son prisonnier, Galère ne put qu’accéder aux désirs de celui qui, nolens volens, était son supérieur hiérarchique.

Constantin rejoignit donc son père et l’accompagna dans son expédition bretonne…Mais, patatras ! Catastrophe ! Au retour de cette campagne, Constance mourut soudainement (25 août 306). Sans l’aval de Galère, Constantin s’autoproclama empereur en remplacement de son papa. Les soldats de Bretagne, enthousiastes à l’idée de voir renaître le bon vieux temps des si lucratives usurpations, s’empressèrent d’acclamer leur jeune empereur. Pendant ce temps, en Gaule, le César Sévère, successeur légitime et désigné de Constance Chlore, fourbissait ses armes… La guerre civile menaçait le Nord de l’Empire romain.

Devenu officiellement l’empereur principal après la mort de Constance Chlore, Galère essaya de sauver les meubles. Il respecta la loi de succession de la tétrarchie en confirmant la promotion de Sévère au rang d’Auguste d’Occident en remplacement de Constance, mais dérogea au principe de non-hérédité en reconnaissant Constantin comme César (= empereur adjoint) d’Occident.

constance chlore

C’était là un dangereux précédent ! Fort du pronunciamiento de Constantin et lassé de ronger son frein en Italie, Maxence, fils de Maximien Hercule (l’ancien collègue de Dioclétien), se fit proclamer empereur par les Prétoriens de Rome (28 octobre 306). Ensuite, il s’en alla dans le Sud de l’Italie afin de demander à son vieux papa de reprendre du service comme empereur à ses côtés. En dépit de ses promesses solennelles du 1er mai 305, Maximien, qui n’avait abandonné le pouvoir qu’à contrecœur, revêtit à nouveau les insignes impériaux.

Il n’avait fallu qu’un peu plus d’un an pour que la belle Tétrarchie voulue et réalisée par Dioclétien, ce système qui était censé apporter paix et stabilité éternelles à l’Empire, s’effondre en un système anarchique, avec trois empereurs officiels (Galère, Sévère et Maximin Daïa), un putschiste reconnu (Constantin), un putschiste non reconnu (Maxence) et un usurpateur parjure (Maximie Hercule).

Cela dit, de l’évolution de sa belle construction, il s’en souciait désormais comme de colin-tampon, le Dioclétien ! Dégoûté des dieux et des hommes, seule une offensive de limaces dans les choux de son potager aurait pu le faire sortir de son quant-à-soi… et encore ! Ce fut donc son successeur, le premier Auguste Galère qui prit énergiquement les choses en mains. Toutefois, comme une invasion de Sarmates sur le Danube l’empêchait d’intervenir personnellement en Italie, il ordonna à Sévère, l’Auguste d’Occident légitime, de régler leur compte aux usurpateurs. D’abord à Maxence et à Maximien, son parjure de père, puis, si l’envie lui en prenait, à ce Constantin de malheur qui, le premier, avait foutu autant de pagaille dans le système tétrarchique qu’un chien dans un jeu de quilles.

Sévère ne fut pas à la hauteur… Ou plutôt, il n’eut pas de chance ! Il marcha effectivement sur l’Italie. Il parvint même sous les murailles de Rome, où s’étaient réfugiés Maxence et son père. Mais hélas ! son armée, c’était celle-là même que son ennemi Maximien avait commandée pendant des lustres ! Il suffit à l’ancien Auguste d’apparaître sur les remparts de Rome, revêtu de tous ses insignes impériaux, pour que tous ses anciens compagnons d’armes désertent en masse. Sévère ne disposa plus que d’une poignée d’officiers fidèles pour l’accompagner dans sa fuite. Il se réfugia à Ravenne, ville inexpugnable, mais Maxence, par de fallacieuses promesses, l’en fit sortir. Sévère fut ramené à Rome et exécuté peu après (début 307).

L’humiliation de Sévère, c’était aussi une gifle pour Galère ! N’était-il pas l’aîné des Augustes ? N’était-ce pas lui qui était responsable de la survie des institutions tétrarchiques ? N’était-ce pas lui qui avait ordonné à son collègue à liquider les usurpateurs italiens ? Quand il eut enfin les mains libres, ayant repoussé une fois de plus les Sarmates de l’autre coté du Danube. (été 307), Galère marcha à son tour sur l’Italie. Lui aussi s’avança jusqu’à Rome, mais son armée était insuffisante pour investir la ville ; en outre, il craignait les désertions qui avaient été fatales à Sévère. L’Auguste fut donc contraint de se replier vers le Nord, non sans avoir, histoire de donner un exutoire à sa colère frustrée, mis l’Italie septentrionale à feu à sang, comme s’il s’agissait d’un pays ennemi.

L’année suivante (308) Maximien Hercule se brouilla avec son fils Maxence, il essaya même de le détrôner, puis, son complot ayant lamentablement échoué, il se rapprocha de Constantin, à qui il donna en mariage sa fille Fausta. Ayant ainsi scellé leur alliance, les deux hommes se sentirent assez forts pour demander à Galère d’organiser une réunion de la dernière chance afin de sauver le peu de qui subsistait encore de la tétrarchie. Elle se tint le 11 novembre 308 à Carnuntum (en Autriche actuelle, aux environs de Vienne).

Exceptionnellement, Dioclétien daigna sortir de sa retraite potagère pour y assister, mais les efforts de Maximien pour le convaincre de revenir aux affaires avec lui restèrent vains. Au contraire, ce fut Galère qui imposa ses idées : le vieux Maximien fut définitivement relégué aux oubliettes de la Tétrarchie, et Licinius, un autre officier d’origine balkanique, fut promu directement au rang d’Auguste à la place du regretté Sévère.

Demi-échec ou demi-succès, peu importe ! Après la Conférence de Carnuntum, il y avait vraiment quoi pleurer ! Au bout de trois années seulement, le beau système tétrarchique de Dioclétien, si bien ordonné, si bien hiérarchisé, était devenu un méli-mélo anarchique, une machinerie folle, avec trois empereurs « officiels » (Galère, Licinius et Maximin Daïa), un parvenu (Constantin), et deux usurpateurs (Maxence et son père Maximien, toujours accroché à sa pourpre comme une teigne). Bref, six « Seigneurs de la guerre » résolument antagonistes qui, quand ils ne s’affrontaient pas les armes à la main, se jalousaient férocement.

Quoi qu’il en soit, et même si on peut penser qu’il déplorait l’évolution désastreuse du système de Dioclétien, on peut néanmoins penser qu’à titre personnel, Galère avait tout lieu de se monter satisfait de la Conférence de Carnuntum : il avait évité le retour aux affaires de Dioclétien et de Maximien, ce qui lui aurait automatiquement fait perdre le titre d’Auguste (= empereur principal). D’autre part, c’était Licinius, son candidat, qui avait été choisi pour remplacer Sévère.

En 311, après avoir fait exécuter son beau-père, l’ancien Auguste Maximien Hercule, Constantin se rapprocha de Licinius. Sans le proclamer sur tous les toits, les deux hommes ambitionnaient secrètement de se partager l’Empire entre eux après avoir liquidé Maxence en Italie, Galère dans les Balkans et Maximin Daïa en Orient. Or Constantin, même s’il n’était encore ni converti ni baptisé, c’était l’ami de ces Chrétiens particulièrement nombreux dans les provinces orientales de l’Empire ! Galère n’eut pas besoin qu’on lui fasse un dessin détaillé pour comprendre que l’heure n’était plus aux persécutions. S’il poursuivait dans cette voie, des révoltes chrétiennes ne manqueraient pas d’exploser sur ses arrières quand il serait contraint d’en découdre avec Constantin ou Licinius

constantinus

C’est dans ces circonstances, et pour ces raisons purement politiques, que, le 30 avril 311, Galère promulgua à Sardique (auj. Sofia en Bulgarie) un édit de tolérance dont l’écrivain chrétien Lactance (vers 260 – 325) nous a transmis le texte : « Par nos règlements visant à l’amélioration constante du bien public, nous avons jusqu’ici veillé à régler toutes choses en conformité avec les anciennes lois et la discipline civile des Romains. Cela fut, d’une façon toute particulière, également notre objectif à l’égard de ces Chrétiens qui avaient renoncé à la religion de leurs ancêtres et furent contraints de revenir aux justes croyances. Au lieu d’observer les institutions antiques que leurs propres ancêtres avaient probablement établies, ils avaient, par dieu sait quelle obstination et folie, suivi des lois qui leurs étaient propres et avaient rassemblé dans des sociétés distinctes beaucoup d’hommes de croyances très variées. Suite à la publication de notre décret qui enjoignait aux Chrétiens de revenir d’eux-mêmes à l’observance des anciennes lois, beaucoup d’entre eux se sont soumis par peur de la contrainte et davantage encore en étant exposés à la répression. Cependant, parce que beaucoup d’entre eux persistent encore dans leur croyance et parce que nous avons constaté qu’ils se refusent toujours à accomplir les actes prescrits de vénération et d’adoration des Dieux, et continuent d’adorer leur propre Divinité, nous avons donc estimé, par l’effet de notre clémence accoutumée dans le pardon accordé à tous, qu’il convient d’étendre notre indulgence à ces hommes, de leur permettre de redevenir Chrétiens et de les autoriser à rétablir les lieux de leurs assemblées religieuses ; si du moins cela ne trouble pas l’ordre public. (…) Pour ce motif, suite à cette tolérance qui est nôtre, il sera du devoir des Chrétiens de prier leur Dieu pour notre conservation, pour celle du peuple, et pour la leur propre ; et ce afin que le bien commun puisse continuer à être garanti dans toutes les parties de notre Empire et qu’ils eux-mêmes puissent vivre tranquillement dans leurs demeures. » (Lactance, De la Mort des Persécuteurs, XXXIV).

Par cet édit, non seulement Galère mettait fin à la persécution, mais, à la seule condition de ne pas troubler l’ordre public, il restituait aux Chrétiens la liberté de culte accordée par Gallien. Il les autorisait aussi à reconstruire leurs lieux de culte et leur demandait (il ne manquait pas d’air, le Galère !) de prier pour la conservation de l’Empire et pour le salut des empereurs. C’était la première fois que le Christianisme était reconnu, officiellement et explicitement, comme une religion « licite ».

Cet édit de tolérance fut le dernier acte politique de Galère. Très peu de temps (cinq jours ?) après sa publication, il mourut (mai 311).

Naturellement, la mort de ce monstre persécuteur, qui avait lacéré la Sainte Église de ses griffes sanglantes, ne pouvait qu’exciter la verve revancharde des historiographes chrétiens, en particulier de Lactance. Celui-ci, tout au long de quelques pages nauséabondes, s’attarde complaisamment à la description de la maladie létale du persécuteur Galère, n’épargnant au lecteur aucun détail horrible des progrès du mal atroce qui, manifestation de la justice divine, emporta celui qu’il considère comme l’âme damnée de Dioclétien, un démon incarné.

Et il a la plume aussi lourde que rancunière, le Lactance, jugez-en plutôt :

« Quand Galère atteignit la dix-huitième année de son règne, Dieu le frappa d’une maladie incurable. Un ulcère malin se forma en dessous de ses parties honteuses, et de là, s’étendit progressivement. Les médecins tentèrent l’ablation pensant ainsi curer l’endroit infecté. Mais la plaie, après avoir été bridée, se rouvrit. Une veine éclata et Galère perdit tant de sang que sa vie fut en danger. Néanmoins, non sans difficulté, les médecins parvinrent à endiguer le flux de sang. Ils reprirent alors leurs pénibles curations en cautérisant minutieusement la blessure. Mais, suite à un mouvement involontaire de Galère, la plaie se réouvrit et le sang se répandit encore plus abondamment qu’auparavant. Galère devint squelettique, pâle et faible et l’hémorragie s’arrêta enfin. L’ulcère finit alors par ne plus réagir aux remèdes et la gangrène s’empara de toutes les parties voisines. (…) La maladie approchant de sa crise mortelle, cette gangrène gagna les régions inférieures du corps de Galère. Ses intestins sortirent de son ventre, et son abdomen se putréfia. Bien qu’ayant perdu tout espoir de vaincre la maladie, les médecins ne cessèrent de lui prodiguer leurs soins et administrer leurs médications. (…)

La maladie attaqua alors ses intestins et des vers se répandirent partout dans son corps. La puanteur était si épouvantable qu’elle empestait non seulement le palais, mais s’étendait à toute la ville ; et ce n’était guère étonnant car, à ce moment les orifices naturels de Galère, celui de sa vessie et celui de ses intestins, étant entièrement dévorés par les vers, s’étaient obstrués et son corps, dans une douleur intolérable, était dissous dans un flot de déjections. Les médecins appliquèrent alors de la chair d’animaux fraîchement tués sur les principaux endroits infectés, pensant que leur chaleur pourrait attirer les petits vers ; et, de fait, quand on ôta les morceaux de viande, il en vint une quantité incroyable. Cependant, la maladie en avait tant suscité qu’il en restait encore au moins autant pour tourmenter Galère et consumer ses intestins. Par une complication de sa maladie, certaines parties de son corps avaient perdu leur forme naturelle : le haut était devenu sec, maigre et décati, avec une peau horrible d’aspect, comme enfoncée profondément dans ses os, tandis que la partie inférieure du corps de Galère était gonflée comme une outre. (…) Enfin, vaincu par ses douleurs, Galère fut obligé de reconnaître Dieu, et, dans les rares rémissions que lui laissait la douleur atroce qu’il subissait, il se lamentait à haute voix, disant qu’il réédifierait l’Église qu’il avait détruite et expierait pour ses méfaits. C’est ainsi que proche de sa fin, il publia un décret… » (Lactance, De la Mort des Persécuteurs, chap. XXXIII).

galerius

Ames sensibles (et délicates) s’abstenir !

Cependant, rassurez-vous ! Lactance n’en savait probablement guère plus que nous, et Galère n’endura sans doute pas l’épouvantable agonie que son patronyme prophétisait… Mais, l’écrivain chrétien avait lu très attentivement les Actes des Apôtres, et, en particulier, le récit de la mort d’Hérode Agrippa, un autre « persécuteur » qui avait (a-t-on idée ?) fait incarcérer le bon saint Pierre, et qui, lui aussi, « mourut rongé de vers » (Actes, 12 : 23).

Et puis, Lactance se souvint aussi que, dans ses Antiquités judaïques, l’historien Flavius Josèphe, relatait que le roi juif Hérode le Grand avait trépassé suite à une répugnante maladie :
« Dieu voulant faire souffrir à Hérode la peine de son impiété, sa maladie augmenta toujours. C’était une fièvre lente, qui ne se manifestait point à l’extérieur, mais qui le brûlait et le dévorait de l’intérieur. Il souffrait d’une faim si violente que rien ne suffisait pour le rassasier. Ses intestins étaient pleins d’ulcères. De violentes coliques lui causaient d’horribles douleurs. Ses pieds étaient enflés et livides, et son abdomen ne l’était pas moins. Les parties honteuses de son corps étaient si gangrenées qu’elles avaient engendré des myriades de vers. Ses nerfs étaient tétanisés. Il ne respirait qu’avec grande peine, et son haleine était si fétide que l’on ne pouvait à peine s’approcher de lui. Enfin, il ressentait des convulsions d’une violence insupportable. Tous ceux qui considéraient avec un esprit de piété l’état où se trouvait ce malheureux prince demeuraient d’accord que c’était un châtiment visible de Dieu pour le punir de sa cruauté et de ses impiétés. (…) Il fit venir des médecins de tous côtés. (…) On le mit dans une baignoire remplie d’huile, et il s’en trouva si mal que l’on crut qu’il allait rendre l’esprit. Les cris et les pleurs de ses domestiques lé firent revenir à lui ; et il connut alors que son mal était incurable… (Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, XVII, 8).

Or, selon les Évangiles, c’état cet Hérode le Grand qui avait ordonné le « Massacre des Innocents », cette tuerie infâme où auraient été exterminés tous les nourrissons de l’âge du petit Jésus. C’était donc lui le premier « persécuteur » ! Et son petit-fils Hérode Agrippa, qui avait jeté saint Pierre en prison et qui mourut « rongé de vers », en était un autre !… L’idée s’imposa donc tout naturellement à l’esprit du savant théologien Lactance que « l’agonie avec bestioles répugnantes » était le châtiment Dieu réservait à ceux qui opprimaient ses fidèles, et que, donc, syllogisme imparable, Galère, grand persécuteur devant l’Éternel, ne pouvait qu’être mort infesté de vers.

En outre, ce canevas classique quoiqu’horrifique, permettait à Lactance d’expliquer l’édit de tolérance de Galère sans qu’il fût besoin d’évoquer ses justifications politiques. Car en mentionnant les mobiles politiques de l’édit pacificateur (dissuader les Chrétiens d’Orient de prendre les armes en faveur de Constantin), l’écrivain chrétien aurait pu donner penser que les décrets persécuteurs que Galère abrogeait, ceux qui avaient institué la « Grande persécution de Dioclétien », n’avaient, eux aussi, pas d’autres motifs que politico-militaires.

Quitte à dégoûter à tout jamais les bons Chrétiens du potage aux vermicelles, mieux valait donc montrer Galère « mourant à douleur » et tentant (vainement) de se réconcilier avec un Dieu vengeur plutôt que d’évoquer les dangers d’une guérilla chrétienne !