Elagabal

Saturninus

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Saturninus
(Caius Julius Saturninus)

Saturninus, citoyen romain originaire d’Afrique du Nord (Maurétanie), était un ami très proche de l’empereur Probus. C’est sans doute en raison de cette fidélité supposée qu’il fut nommé gouverneur de Syrie.

Probus parti rétablir en l’ordre en Occident où les usurpateurs Proculus et Bonosus lui faisaient des misères, Saturninus pensa que le moment était venu pour lui de prendre le pouvoir. Il se fit donc proclamer empereur par les légionnaires stationnés à Antioche.

Son heure de gloire ne dura guère. Probus avait promptement rétabli la situation dans la partie occidentale de son Empire et liquidé les sécessionnistes gaulois. Même s’il songea un moment à régler également son compte à Saturninus, il n’eut pas le temps de mettre ses projets guerriers à exécution : les soldats des autres garnisons d’Orient, restés fidèles à l’empereur de Rome, marchèrent contre l’usurpateur d’Antioche, s’emparèrent de lui et l’exécutèrent.

Cette brève histoire, tirée du récit de l’historien grec Zosime (I, 66, I), représente tout ce que l’on sait de sûr à propos l’usurpation de Saturninus. Il vaut mieux le préciser une fois pour toutes, car, si j’en crois certains sites Internet, quelques historiens font encore écho aux allégations farfelues de l’auteur de l’Histoire Auguste.

D’après cet écrivain fort imaginatif, l’usurpateur Saturninus serait né en Gaule. Naïf et exalté comme le sont tous les Gaulois, il aurait finalement cédé aux sollicitations des Égyptiens, « race d’hommes frivoles et insolents à l’extrême » qui le pressaient d’accepter la pourpre. « Saturninus Auguste, que les dieux te préservent ! » hurlait le peuple d’Alexandrie en liesse.
Ledit Saturninus, horrifié par cette dangereuse proposition, se boucha d’abord les oreilles, puis s’enfuit à toutes jambes. Mais le seul fait d’être acclamé de la sorte, même contre son gré, cela suffisait à mettre sa vie en danger. Après être revenu en Palestine et après moult hésitations, il se serait donc résigné à se laisser « adorer comme empereur », puis se serait exclamé, la voix nouée par l’émotion et le visage baigné de larmes : « L’État vient de perdre un homme irremplaçable ! J’ai restauré les Gaules, j’ai libéré l’Afrique du pouvoir des Maures, j’ai pacifié les Espagnes, mais à quoi bon ? Il m’a suffi d’aspirer à l’Empire pour que tous ces exploits soient annihilés ! ». (Voir Histoire Auguste, Quadrige des Tyrans, IX, V).

Que c’est beau ! Que c’est noble !… Quel dommage que ce ne soit pas vrai !