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Quintillus

Automne 270
Quintillus
(Marcus Aurelius Claudius Quintillus)

La succession de l’empereur Claude II le Gothique, mort de la peste à Sirmium (auj. Mitrovica, en Serbie) ne semblait pas devoir poser d’insolubles problèmes : son frère Quintillus (en français Quintille), un « homme d’une modération et d’une grâce singulière » (Eutrope), paraissait tout désigné pour le remplacer. Et effectivement, en automne 270, Quintillus, qui se trouvait à ce moment dans le Nord de l’Italie, fut proclamé empereur par le Sénat romain.

Cependant, le choix des Sénateurs n’était pas conforme aux vœux des légionnaires de l’armée du Danube. Ceux-ci, qui avaient combattu et triomphé avec Claude le Gothique, et qui, maintenant, veillaient sa dépouille mortelle, n’entendaient pas que tous les espoirs nés avec l’arrivée au pouvoir du vainqueur des Goths périssent avec lui. Quelles que fussent les qualités du bon Quintille, seul Aurélien, un autre général illyrien énergique, leur semblait capable de mener à bien l’ambitieux projet de réorganisation de l’armée et de réunification politique de l’Empire initiée par le vainqueur des Goths.
Les soldats du Danube conférèrent donc sans hésitation la pourpre à Aurélien tandis qu’au Nord de l’Italie, Quintillus restait l’empereur reconnu par le Sénat .
Deux empereurs à la fois, c’était un de trop ! Se dirigeait-on à nouveau vers une guerre civile ?

Pas du tout !

L’affrontement des deux prétendants au trône impérial n’eut pas lieu : peu de temps après son accession – toute théorique – à l’Empire, Quintillus mourut dans des circonstances assez mystérieuses. Même l’historien athénien Dexippe, pourtant contemporain de ces événements, semble n’avoir pas pu se prononcer précisément quant aux circonstances de cette mort subite. Dans son œuvre aujourd’hui perdue, mais dont se servirent les historiens postérieurs, Dexippe aurait simplement écrit que Quitillus mourut rapidement… sans autre précision quant à la cause de ce décès. (Voir Histoire Auguste, Claude, XII, 6)

Dans l’incertitude, les historiens antiques qui suivirent ce fameux Dexippe nous ont donc donné deux versions sensiblement différentes de la mort de Quintillus :

Quintillus est assassiné par ses soldats parce qu’il aurait commis la même bourde que Pertinax et de Galba. Il aurait voulu, cet inconscient, restaurer la discipline militaire. Ses soldats, révoltés, l’auraient massacré (Histoire Auguste, Claude, XII, 5 – saint Jérôme).
Quintillus, chargé par son frère de protéger l’Italie des attaques des Alamans, se fait reconnaître empereur par le Sénat à la mort de Claude le Gothique. Cette décision est prématurée : à l’annonce de la désignation d’Aurélien par leurs collègues du Danube, tous ses soldats l’abandonnent et Quintille, désespérément seul, se suicide. (Histoire Auguste, Aurélien, XXXVI, 6 – Zosime – Zonaras)

Personnellement c’est cette dernière version qui me semble la plus vraisemblable.

Quant à la durée du règne du Quintillus, la plupart des sources donnent dix-sept jours.
C’est un peu court ! Des monnaies à son effigie furent frappées aux quatre coins de l’Empire. De plus, des inscriptions lapidaires reprenant sa titulature impériale complète ont été retrouvées jusqu’au fin fond de l’Afrique du Nord.

Il semble donc préférable de suivre les indications d’un Calendrier datant de 354 et qui confère à Quintillus un règne de deux mois et dix-sept jours (entre août et octobre 270).