macrin

Macrin

217 – 218
Macrin

(Marcus Opelius Macrinus)

Macrin est né à Césarée de Maurétanie (Algérie actuelle) vers 165.
Issu d’une très modeste famille, il vint à Rome sous Septime Sévère et devint l’intendant du préfet du Prétoire Plautien. Son maître complota, fut exécuté et Macrin entama une fort belle carrière dans l’administration impériale. Bien vite, sa fortune lui permit d’entrer dans l’ordre équestre et Caracalla le nomma Préfet du Prétoire en 216. On comprend du reste assez mal les raisons qui poussèrent ce cruel empereur à confier d’aussi importantes responsabilités militaires à un gratte-papier comme Macrin. Caracalla, qui méprisait les civils en général et l’efféminé Macrin en particulier, ne se faisait d’ailleurs pas faute de brocarder publiquement les boucles d’oreilles, les riches parures flottantes et la barbe soignée du nouveau chef des Gardes Prétoriens.

Quoique ses compétences militaires fussent sans doute fort réduites, le Préfet Macrin ne put s’abstenir d’accompagner Caracalla, qui rêvait de restaurer l’empire d’Alexandre le Grand, dans sa guerre contre l’ennemi héréditaire, les Parthes de Mésopotamie. Au cours de la campagne, les sarcasmes de Caracalla s’aggravèrent et l’exaspération de Macrin grandit tant qu’il commença à comploter contre son maître. Hélas, il se montra si peu discret que ses intrigues éveillèrent les soupçons d’un confident de l’empereur qui adressa au souverain une lettre de dénonciation.

Et c’est là que Caracalla manqua singulièrement de bol : lorsque cette lettre lui parvint, il se préparait à une course de chars. Tout à sa compétition, il négligea de prendre immédiatement connaissance du message accusateur et en confia la lecture précisément à la personne qu’il ne fallait pas, à ce souffre-douleur de Macrin ! Celui-ci, horrifié de se voir découvert, s’empressa, comme bien on pense, de faire disparaître ce message de malheur. Mais comme l’accusateur pouvait recommencer son petit jeu, il lui fallait, s’il voulait rester en vie, prendre les devants et se débarrasser enfin de Caracalla.

Ne voulant se charger lui-même de l’assassinat, Macrin soudoya un garde du corps de l’empereur, un centurion nommé Martialis. Celui-là aussi avait de bonnes raisons d’en vouloir à l’empereur : Caracalla avait fait exécuter son frère et l’avait lui-même gravement offensé, le traitant publiquement de lâche, d’efféminé, bref de digne émule de Macrin ! C’était tout dire !

Aussi, un jour que Caracalla s’était quelque peu éloigné du camp pour assouvir un besoin, aussi naturel que pressant, ce Martialis, faisant comme si l’empereur l’avait appelé, s’approcha discrètement de lui et lui planta son glaive entre les omoplates. Le cruel souverain s’écoula, mort, le derrière à l’air.
Le meurtrier tenta de s’échapper, mais fut bientôt rejoint par des cavaliers germains, fanatiquement fidèles de l’empereur défunt, qui le massacrèrent.

Faute d’autres prétendants et comme l’armée ennemie approchait, les soldats, qui ne se doutaient pas un seul instant que l’inoffensif Macrin, si doux et si gentil, fut le commanditaire d’un crime aussi odieux, l’acclamèrent et le revêtirent de la pourpre (11 avril 217).
C’était la première fois qu’un plébéien, qu’un homme qui ne faisait pas partie du Sénat, montait sur le trône des Césars.
diaduménien

Comme la guerre avec les Parthes du roi Artaban tournait au vinaigre, le nouvel empereur se hâta d’acheter la paix, à prix d’or.
Une fois quitte de la guerre, il bâcla une lettre au Sénat de Rome, demandant aux Pères conscrits de bien vouloir ratifier sa désignation comme empereur. Puis, cette formalité accomplie, il pensa fonder une dynastie en associant au pouvoir son fils Diaduménien, âgé de neuf ans seulement. Enfin, déjà lassé de toutes ces tracasseries politiques et militaires, Macrin se retira à Antioche afin d’y goûter pleinement tous les plaisirs de la vie.

Son erreur, « sa seule erreur » selon l’historien Hérodien, fut de ne pas licencier l’armée aussitôt la paix signée. Car, tandis qu’il se vautrait dans la débauche et dans le luxe, ses soldats, oisifs et abandonnées à eux-mêmes, restaient parqués comme des bêtes, sous leurs tentes de toile, aux confins des déserts syriens. Dans ces conditions, les légionnaires s’en vinrent bien vite à regretter le rude Caracalla, ce chef compréhensif, qui se considérait comme leur compagnon d’armes, les menait toujours à la victoire, leur octroyait de si belles récompenses et leur permettait de si réjouissants pillages, larcins, vols, viols et autres plaisantes tueries !

Aussi, quand se répandit parmi la troupe la rumeur que l’empereur assassiné avait engendré un fils, aujourd’hui grand garçon de quatorze ans qui se cachait à Émèse sous le nom de Varius, les soldats désertèrent en masse pour aller le rejoindre, se rallier à sa cause, et se débarrasser de l’efféminé Macrin.

En fait, ce Varius, le futur empereur Élagabal (Héliogabale), n’était absolument pas le fils de Caracalla. Il en était seulement un vague cousin (voir tableau généalogique) et, question perversité et mollesse, il allait surpasser le brave Macrin de plusieurs encablures !
Mais rien n’y fit… le prestige de Caracalla était redevenu si grand qu’au bout de quelques semaines, Macrin n’eut plus autour de lui que quelques cohortes démotivées qui se firent tailler en pièces par l’armée fidèle au soi-disant fils de sa victime.

Le faible Macrin s’enfuit du champ de bataille et tenta de gagner la partie occidentale de L’Empire pour rallier d’autres partisans à sa cause. Mais des vents contraires l’empêchèrent de traverser le Bosphore. Il tomba alors entre les mains de ses adversaires qui lui tranchèrent la tête. Son fils et associé Diaduménien qui avait, quant à lui, tenté de s’échapper vers la Perse, connut le même sort que son père et fut tué avant de franchir la frontière de l’Empire romain.