Geta

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Geta
(Publius Septimius Geta)

Geta, né sans doute le 27 mai 189, était le fils de l’empereur Septime Sévère et le frère cadet de Caracalla. (voir tableau généalogique)

Sur son lit de mort, Septime Sévère souhaita que ses fils se partagent le pouvoir et règnent ensemble, en bonne entente fraternelle. La dernière partie de ce souhait resta lettre morte car, depuis le berceau, et sans que personne ne sût trop pourquoi, les deux frangins ne pouvaient se voir en peinture. En fait, aucun synonyme du mot « haine » ne serait assez fort pour exprimer le désamour que Caracalla et Geta se portaient mutuellement. Jamais deux frères ennemis ne se vouèrent une telle inimitié. C’est bien simple, dès qu’ils s’apercevaient, ils sautaient presque à la gorge !

Tant que le sévère empereur Septime fut là pour tenir ses deux chiots enragés éloignés l’un de l’autre, il n’y eut pas trop de casse. Les choses commencèrent à se gâter quand cet empêcheur de s’égorger en rond s’éteignit (à York, en Angleterre, le 4 novembre 211).

Puisque les soldats exigeaient que les volontés de l’empereur défunt fussent respectées et que les deux frères gouvernassent conjointement, l’inéluctable affrontement put encore être légèrement retardé. Pour apaiser les inquiétudes des légions, Geta fut couronné empereur avec son frère aîné Caracalla, et les deux princes, apparemment unis comme les doigts d’une main, mais qui, en fait, se regardaient en chiens de faïence, mirent un terme aux opérations militaires en Grande-Bretagne.

La paix signée et l’armée démobilisée, la famille impériale au grand complet s’en fut retrouver, un an après la mort de Septime Sévère, son palais romain. Mais ne parlons pas de douceur du foyer, ni de quiétude apaisante des pénates familiales, car ce que ce qui devait arriver arriva : un beau matin, Caracalla, ivre d’une colère irraisonnée quoique longuement ressassée, surgit dans les appartements de son frère Geta et l’égorgea comme un porc, malgré les supplications et les pleurs de leur mère, couverte du sang de la victime.

Même ce fratricide ne suffit pas à éteindre toute la haine accumulée par Caracalla à l’encontre de Geta. Non content d’avoir tué son frère, il fit exécuter sommairement tous ses amis, tous ses conseillers, toutes ses relations. Il supprima également des registres officiels toute référence au règne de son malheureux frère et fit marteler toutes les inscriptions où son nom figurait. En outre, toute personne qui, en présence de Caracalla, prononçait le nom maudit du pauvre Geta, se voyait impitoyablement et immédiatement condamné à mort !

Cette épuration d’un type stalinien explique pourquoi nous ne connaissons pas grand-chose ni de la vie, ni du caractère de Geta. Tout ce que l’on peut, sans guère de chance de se tromper, présumer de ce prince c’est qu’il fut probablement moins cruel que Caracalla … Il faut dire qu’il était bien difficile d’égaler en cruauté le frère du malheureux Geta : son frangin Caracalla c’était vraiment un genre de recordman du monde de la spécialité !